2,3 %. C’est le chiffre qui fait la une : l’inflation en France a marqué le pas en mai 2024. Mais derrière ce taux, la croissance du PIB s’essouffle à peine au-dessus de zéro, et le chômage, lui, avance à 7,5 % selon l’INSEE. Un tableau en demi-teinte, qui met à nu les tensions et les ajustements de l’économie nationale.
Du côté des entreprises, l’élan des investissements faiblit. Pourtant, les ménages, eux, continuent d’assurer : leur consommation reste étonnamment robuste, même si la montée des taux d’intérêt et la volatilité géopolitique alourdissent l’ambiance générale. Ces mouvements contrastés tracent les contours d’une nouvelle économie française, différente de celle à laquelle beaucoup étaient habitués.
Où en est l’économie française aujourd’hui ?
En ce moment, la France semble traverser une période de réajustement. La croissance plafonne à 0,2 % au premier trimestre 2024, selon les dernières statistiques. La consommation des ménages reste le principal soutien à l’activité, tandis que l’investissement fléchit. Sur le terrain, de nombreuses entreprises évoquent encore des problèmes d’approvisionnement persistants et une confiance qui peine à se stabiliser.
Pour cerner la complexité du climat économique actuel, plusieurs signaux ressortent clairement :
- La croissance stagne dans un contexte d’incertitude politique et géopolitique,
- Des tensions subsistent sur les recrutements, notamment dans des filières stratégiques,
- Un net ralentissement se poursuit dans l’industrie manufacturière depuis le début de l’année,
- Les prix de l’énergie et des matières premières continuent de poser problème.
Pour les prochains mois, la prudence reste de mise. Les enquêtes auprès des dirigeants pointent une confiance ébranlée, accompagnée de prévisions de production industrielle au mieux stables, au pire stagnantes. Le ralentissement du reste de l’Europe freine les exportations françaises et l’incertitude politique, qu’elle vienne de Paris ou de Bruxelles, complique sérieusement la planification pour nombre de grands groupes.
Dans ce paysage mouvant, il devient indispensable de prendre du recul : les fragilités s’additionnent, mais la France bénéficie encore d’une appartenance à la zone euro qui laisse des marges d’ajustement. Aucun scénario ne domine franchement : tout oscille entre l’espoir d’un regain d’activité et la menace d’une inertie durable.
Les chiffres clés : croissance, inflation et emploi à la loupe
La dynamique de la croissance demeure modérée. Pour le premier trimestre 2024, le produit intérieur brut n’affiche qu’un modeste 0,2 %. Ce chiffre traduit un climat général d’attentisme : entreprises prudentes, consommation timide, investissement en repli. Les chefs d’entreprise mettent en avant des soucis persistants d’approvisionnement et des carnets de commandes qui ne se remplissent pas.
Sur le volet des prix, l’augmentation annuelle se stabilise autour de 2,2 %. Les services, l’alimentation et les loyers restent les moteurs du mouvement, alors que l’énergie ne retrouve pas ses niveaux d’avant-crise, même si la hausse marque le pas. Au final, c’est le pouvoir d’achat des ménages qui paie l’addition, un phénomène qui pèse directement sur la consommation et rend l’accès à l’immobilier neuf toujours plus complexe.
Le marché de l’emploi, quant à lui, continue de résister face aux aléas. Le taux de chômage s’établit à 7,5 %, un niveau stable, contre toute attente. Les créations d’emplois ralentissent, mais nul raz-de-marée de suppressions à ce stade. L’industrie manufacturière souffle le chaud et le froid, tandis que les services tirent leur épingle du jeu. Reste que les signaux de tension se multiplient : les difficultés de recrutement et les trésoreries fragiles pourraient peser lourd sur la reprise à venir.
Quels secteurs tirent leur épingle du jeu dans la conjoncture actuelle ?
Dans cette période mouvementée, certains pans de l’économie maintiennent leur trajectoire. L’agroalimentaire, en particulier, bénéficie d’une demande intérieure toujours dynamique et d’exportations vers la zone euro qui tiennent bon. Beaucoup d’entreprises de taille intermédiaire, concentrées dans cette filière, misent sur la montée en gamme et la valorisation de la production locale pour préserver leurs marges.
Parmi les activités tertiaires, quelques segments s’en sortent bien : les services aux particuliers, la santé privée et le conseil répondent à de nouveaux besoins. De leur côté, les PME spécialisées dans le numérique tirent profit de la demande pour des solutions informatiques, la sécurité des données ou la modernisation des processus de gestion.
Dans l’industrie manufacturière, la reprise est plus erratique. Approvisionnement compliqué, marchés hésitants, mais certains secteurs comme l’aéronautique ou l’automobile parviennent à tirer parti de l’innovation et de l’export, notamment en direction de l’Asie et de l’Amérique du Nord.
Plusieurs filières montrent ainsi leur capacité de résistance :
- Agroalimentaire : bonne tenue dans l’Hexagone et à l’international,
- Services numériques : demandes en hausse, investissements mobilisés,
- Industries innovantes : relance grâce aux marchés extérieurs.
Certains territoires s’en sortent également mieux que d’autres : à l’ouest et au sud, une densité de PME familiales et une diversification sectorielle contribuent à amortir les chocs conjoncturels plus efficacement.
Facteurs d’incertitude et perspectives pour les prochains mois
Aucune accalmie à l’horizon sur le front des interrogations économiques. Les acteurs restent sur leur garde : contextes politique instable, arbitrages budgétaires à risques, tensions institutionnelles. Du côté des entreprises, on note la persistance des difficultés d’approvisionnement et une logistique qui peine à retrouver une certaine fluidité. Les matières premières, elles, continuent de voir leurs cours fluctuer au gré des tensions internationales.
Les dernières observations soulignent un recul généralisé de l’activité, amplifié par la baisse du commerce extérieur. Les exportateurs français ressentent le ralentissement de la demande allemande, mais aussi la méfiance sur les marchés mondiaux. Le prochain trimestre apportera probablement son lot de défis : si l’emploi reste soutenu par des dispositifs de flexibilité, les trésoreries souffrent, les délais de paiement s’allongent et de nouveaux investissements tardent à arriver.
Quelques indicateurs permettent de mesurer l’ampleur du défi à venir :
- Prévisions de croissance qui peinent à dépasser les 1 % mensuels,
- Tensions persistantes sur les coûts de l’énergie et de l’alimentation,
- Pénuries de main-d’œuvre dans une large gamme d’activités.
Malgré tout, l’écosystème entrepreneurial reste actif, même si la hausse des défaillances d’entreprises revient sur le devant de la scène. Beaucoup de dirigeants ajustent en temps réel leurs stratégies, large fenêtre d’incertitude oblige. Politiquement, la donne pourrait changer rapidement selon les évolutions au sein de l’Union européenne ou des États-Unis. Dans ce climat incertain, la France avance avec mesure, prête à accélérer ou à lever le pied au moindre signal venu du reste du monde.


